“Il est grand temps de te réveiller ; de te bouger. De vivre. Et pour ça, pas besoin d’être Mike Horn ou de partir pour 3 semaines de trek au Ladakh. 2 jours en France suffisent largement.” C’est par cette exhortation qu’Amélie Deloffre appelle les visiteurs de son site, 2 jours pour vivre, à partir à l’aventure le weekend, “sans filtre et sans 4G”.
Exploratrice dans l’âme et amoureuse de la nature, Amélie œuvre depuis 2017 à répandre la pratique de la micro-aventure en France. Une pratique qui séduit de plus en plus les jeunes urbains, et en passe de devenir une véritable tendance.
La micro-aventure peut être mise au service d’un tourisme plus responsable et plus local. Cependant, l’enjeu d’Amélie est, par le biais de l’éducation, d’accompagner sa démocratisation sans dénaturer son essence. Un objectif qu’elle met en pratique en adaptant ses modes de communication et son approche du sujet. “C’est difficile, mais je pense que chacun a sa part à jouer sur ce sujet. J’essaie de faire la mienne en envoyant des lettres physiques plutôt qu’une newsletter, en faisant de l'éducation plutôt que du commercial, en prenant des engagements marketing raisonnés et raisonnables…”
Lorsqu’on se penche sur le sujet du digital et de la place qu’il occupe dans le tourisme, on se retrouve confronté à un paradoxe, que décrit Amélie : “les citadins aiment la nature, car nous sommes tous trop connectés et nous avons besoin de faire des pauses, cependant les réseaux sociaux restent une source principale d’inspiration, celle où naît l’envie… Lorsqu’on part à l’aventure, on dégaine aussi son application Google Maps ! Tout est une question de nuances"
"Le digital est utile, mais il faut s’en servir avec parcimonie, de manière à ce qu’il enrichisse l’expérience de découverte, de tourisme, mais sans la dénaturer.”
En parallèle de 2 jours pour vivre, Amélie est aussi “data storyteller”. Un job hybride, qu’elle a créé en accumulant des expériences variées : “je décris souvent le data storytelling comme la maximisation du potentiel d’exploitation des données, le processus d’en faire quelque chose de positif”, commence-t-elle. Au croisement de la data analyse, du design et du storytelling, cette pratique permet d’adopter une vision holistique d’un sujet, mais aussi de prendre des décisions plus éclairées.
“Je suis entrée dans ce sujet par le biais de la data visualisation, qui me fascine toujours autant car c’est à la fois un art et une science - c’est aussi beau que c’est intelligent. Grâce à la data visualisation, on peut créer une vision globale d’un jeu de données, et à la lecture on comprend tout, tout ça en un seul vue.” Un champ des possibles vaste, que le storytelling vient enrichir et rythmer.
“Avec le data storytelling, on apporte un aspect narratif et on emmène le lecteur dans une histoire, rythmée par la donnée.”
Aujourd’hui, Amélie est convaincue que la data visualisation et le data storytelling peuvent être mis au service d’un tourisme plus responsable. “On pourrait tout à fait envisager de créer des visualisations de ce que représente le tourisme sur un plan global. Par exemple, montrer aux gens les implications quantifiées liées au fait de prendre un avion, les enjeux que cela implique. Le data storytelling peut nous aider à faire ressortir des chiffres et des faits dont les professionnels ont conscience, mais que les particuliers ne connaissent pas. Nous avons parfois tendance à avoir dans le secteur du tourisme des visions très court-termistes. La data permet une prise de recul et un croisement des données de secteurs variés, pour venir contrebalancer ce mode de pensée !”, partage-t-elle. “Je pense que la data peut aussi permettre de détecter les problèmes émergents et de voir comment les résoudre.”
Ainsi, le champ des possibles semble large - il incombe désormais aux acteurs du secteur d’imaginer comment mettre les données au service d’une meilleure expérience pour tous !