Micro-aventure et avenir du tourisme avec Amélie Deloffre, fondatrice de 2 jours pour vivre (1/2)

“Il est grand temps de te réveiller ; de te bouger. De vivre. Et pour ça, pas besoin d’être Mike Horn ou de partir pour 3 semaines de trek au Ladakh. 2 jours en France suffisent largement.” C’est par cette exhortation qu’Amélie Deloffre appelle les visiteurs de son site, 2 jours pour vivre, à partir à l’aventure le weekend, “sans filtre et sans 4G”.

Exploratrice dans l’âme et amoureuse de la nature, Amélie œuvre depuis 2017 à répandre la pratique de la micro-aventure en France. Une pratique qui séduit de plus en plus les jeunes urbains, et en passe de devenir une véritable tendance.

La micro-aventure, futur du tourisme ?

Lorsqu’on lui demande la différence entre aventure et micro-aventure, Amélie répond sans hésiter : “Pour moi, les deux diffèrent simplement dans le format. La micro-aventure est plus courte, plus locale. Pour le reste, ce sont les mêmes ingrédients qui sont caractéristiques de l’aventure : inconfort, galères, itinérance, autonomie… et surtout, liberté !” 

Pour Amélie, l’essence même de la micro-aventure repose dans la déconnexion et la découverte de soi. “L’aventure, ça rend incroyablement vivant ! On a tendance à oublier que la micro-aventure, c’est surtout partir à l’inconnu et pouvoir grandir en se confrontant à des situations imprévues”, s’enthousiasme-t-elle.

Cependant, cette pratique longtemps réservée à une poignée d’explorateurs et de courageux, s’apprête aujourd’hui à devenir une réelle tendance, un phénomène à la fois positif, mais également alarmant selon Amélie.

“Aujourd’hui, on change largement nos manières de voyager, nous sommes entrés dans une démondialisation du tourisme. C’est une tendance positive pour la planète et pour nos modes de vie, certes, mais je veux tout de même tirer la sonnette d’alarme car le tourisme local et la micro-aventure deviennent des tendances.”

Et le problème avec les tendances, c’est qu’elles peuvent avoir des conséquences très négatives. “Pour chaque tendance, on imagine de nouvelles manières de monétiser, des systèmes de croissance rapide…” Ces modèles économiques impliquent une notion de volume qui menace l’authenticité de la micro-aventure.  “Au-delà de la monétisation, il y a aussi un risque pour les utilisateurs : on envoie à l’aventure des amateurs qui n’ont pas les codes, qui ne sont pas forcément prêts ni conscients de leur impact sur la nature et les écosystèmes locaux.”

Une école de la micro-aventure pour sensibiliser les nouvelles générations d’aventuriers

Forte de ce constat, Amélie a décidé d’ouvrir une école de la micro-aventure.

“Je crois que le Marketing et les médias ne sont pas la solution pour le futur du tourisme. Il faut former les gens, les éduquer et leur apprendre que comme pour toute forme de consommation, il faut être conscient de son impact sur le voyage.”

Le projet d’Amélie se veut aussi inclusif - elle souhaite avant tout adresser sa formation à des publics qui ne sont pas aujourd’hui les clients principaux de la micro-aventure. 50% de ses élèves seront donc des femmes, des jeunes et des personnes issues de milieux défavorisés. 

Au programme de l’école de la micro-aventure : du présentiel (dès que possible au vu des restrictions sanitaires de la période 2020-2021), la construction de lien entre les élèves et les enseignants, chère à Amélie. La formation, qui dure une journée, se divise en quatre modules de deux heures chacun. “L’objectif est d’acquérir les bases”, décrit l'entrepreneuse en série. “Nos participants seront sensibilisés au sujet, à ses enjeux, apprendront pourquoi partir, comment construire sa micro aventure, et comment s’équiper correctement. Une fois cette première brique éprouvée, j’aimerais construire des modules spécialisés, comme la micro-aventure à vélo. Et dans un troisième temps, mon objectif est de pouvoir créer un lieu dans la Drôme, pour fédérer les micro-aventuriers de France !”