L’espace a toujours été une source de fascination, pour les particuliers comme pour les entreprises. Longtemps réservées aux applications scientifiques et militaires, les engins célestes qui orbitent au-dessus de notre tête, au-delà de notre atmosphère, sont aujourd’hui en passe de prendre une place grandissante dans notre économie, par le biais de la donnée spatiale.
Frédéric Adragna est Conseiller en Développement économique et Solutions Spatiales au CNES (le Centre National d’Etudes Spatiales), la “NASA française” comme il la surnomme affectueusement. Au sein de la très jeune Direction de l’Innovation, des Applications et de la Science, créée en 2016, il aide les institutions, entreprises et startups à explorer les opportunités liées à l’exploitation des données spatiales.
“L’activité de notre structure est assez récente”, commence Frédéric en présentant ses activités. “Historiquement, le métier du CNES en tant qu’agence spatiale était de concevoir des lanceurs et des satellites pour répondre à des besoins sociétaux, principalement liés aux secteurs militaire et scientifique. Notre ambition a toujours été de mieux connaître notre planète, de l’observer sous toutes ses coutures. Cependant, le constat que font beaucoup d’agences spatiales actuellement, c’est que les données issues de nos activités sont extrêmement riches et variées, mais peu utilisées pour les non initiés. La Direction de l’Innovation, des Applications et de la Science a donc été créée le 1er Janvier 2016, avec pour objectif de désacraliser le spatial et de le rendre plus accessible.”
En effet, aujourd’hui, les données spatiales sont partout ! Que cela soit le smartphone glissé dans une poche, la météo consultée distraitement chaque matin ou le GPS utilisé pour s’orienter sur son chemin… “L’espace est partout avec nous, sans que l’on s’en rende vraiment compte !” s’amuse Frédéric.
Cependant, peu d’entreprises réalisent les opportunités qui s’offrent à elles grâce au spatial. Frédéric se souvient ainsi du cas de la SNCF :
“La SNCF a un travail gigantesque de maintenance de ses 30,000 kilomètres de voie ferrée sur le territoire français ! Hier, quand on leur demandait comment ils s’y prenaient, ils répondaient que c’était compliqué -soit ils géraient la maintenance en se rendant à pied sur site, soit ils utilisaient des drones. Aujourd’hui, en plus de ces solutions, ils utilisent gratuitement les images d’un satellite français: Pléiades !”
De même dans d’autres industries, le potentiel est immense : automobile, santé, agriculture, … Presque tous les secteurs peuvent être positivement impactés par l’exploitation de la donnée spatiale.
Mais pour exploiter cette nouvelle manne d’opportunités, tout l’enjeu est de mieux comprendre la nature des données spatiales et d’imaginer des applications tangibles pour les entreprises. Et c’est exactement ce à quoi œuvrent Frédéric et ses collègues du CNES. “Notre équipe a une réelle volonté de pas nous limiter à construire puis livrer des applications, mais à réellement aller au-devant de certaines industries qui ne connaissent pas le spatial. Nous voulons connecter les différents secteurs économiques au spatial : tourisme, santé, assurance, aménagement du territoire, forêts, … À l’instar de l’informatique il y a 30 ans, qui était réservée à un petit nombre de privilégiés, mais qui est aujourd’hui un pilier de notre société.”
C’est pour réaliser cette ambition qu’a été créée l’initiative "Connect by CNES", qui cherche à ‘connecter’ les secteurs économiques français (institutionnels, grands groupes, startups) souhaitant utiliser la donnée spatiale. “Nous prétendons contribuer au développement économique national grâce au spatial”, résume Frédéric.
Et l’initiative attire de nombreux acteurs. Le groupe Total par exemple, qui utilise la donnée spatiale sur de nombreux cas d’usage :
Mais les grandes entreprises ne sont pas les seules à bénéficier du pouvoir des données spatiales : “Nous collaborons avec des acteurs de toutes tailles !”, s’enthousiasme Frédéric, “J’ai par exemple en tête la jeune entreprise bordelaise i-Sea, qui développe et commercialise des services de surveillance des milieux aquatiques et littoraux, en s’appuyant sur toutes sortes de données : drones, données terrain, mais aussi donnés issues de satellites.”