En 2017, le magazine Forbes titrait “Space data is the new big data”. Aujourd’hui, les données spatiales révèlent en effet leur potentiel inexploité - un potentiel qui se décline sur différents types d'applications. Car pour comprendre les opportunités liées à la space data, il faut d’abord comprendre ce que ce terme englobe.
D’abord, les données liées à l’imagerie spatiale. “L’Europe a lancé deux grands programmes : le Programme Galileo (l’équivalent du GPS américain) et le Programme Copernicus (qui concerne l’observation de la Terre). Leurs données sont gratuites et accessibles à tous. Le programme Copernicus fournit des images de toute la surface du globe, plusieurs fois par mois, en optique et en radar. Cela représente une richesse d’information incroyable !”, précise Frédéric.
Ensuite, les données liées à la géolocalisation. “Nous sommes tous géolocalisés avec nos smartphones ce qui donne un ensemble de données qui peut être extraordinaire”, commence Frédéric. “L’entreprise Orange a par exemple développé une offre nommée Flux Vision, qui utilise les données de géolocalisation des utilisateurs de smartphones via le réseau Orange, afin de matérialiser des flux de population et de segmenter les usages. Ainsi, Flux Vision peut vous dire si les touristes d’origine chinoise préfèrent déjeuner en brasserie ou dans des restaurants, qui visite l’Arc de Triomphe et à quelle heure, … Toutes ces données viennent de satellites !”
Et enfin, toutes les données météorologiques et scientifiques issues de l’observation de nos océans, forêts, déserts...
Dernier élément, les satellites de télécommunication : ce sont eux qui envoient les données directement sur nos devices (box internet, TV…). “Ce sont les tuyaux, ils ne créent pas de la data mais permettent de la transmettre.”, explique Frédéric. “En résumé, le spatial est un large fournisseur de données pour faire du Big Data, mais aussi pour véhiculer les données autour de la Terre.”
Lorsque l’on aborde le sujet du tourisme, Frédéric répond sans hésiter : “Mon directeur, Gilles Rabin, est économiste de formation. Il me dit souvent “Le spatial en France, c’est important mais ça ne représente jamais que 20,000 emplois, l’équivalent d’un hôpital dans une ville moyenne. Le tourisme en France, en revanche, c’est 2 millions d’emplois, soit 10% du PIB de la France. Si grâce à notre activité nous pouvons aider les entreprises du tourisme à avoir un impact et un avantage concurrentiel sur les autres pays, ne serait-ce que d’un pourcent nous pourrions aider à créer 20,000 emplois !”. Le spatial est un sujet intéressant, mais ce qui est le plus passionnant, c’est d’analyser l’effet de levier potentiel sur les secteurs économiques. C’est ce qui justifie que le CNES ait lancé toute notre initiative.”
Et aujourd’hui, le tourisme peut bénéficier des données spatiales de nombreuses manières ! En utilisant par exemple la géolocalisation des flux de population et de touristes comme on l’a évoqué avec le cas d’Orange et de Flux Vision. Ou en exploitant la donnée météorologique pour accompagner les randonneurs, les navigateurs, les explorateurs en zones reculées,…
Les télécoms eux aussi peuvent être exploités : “Aujourd’hui, même si c’est pour une croisière, il est hors de question pour les gens d’embarquer sur un bateau sans avoir internet ! C’est de plus en plus vrai pour les trajets en avion. Ou encore pour les marins, qui sont difficiles à recruter sur un navire qui ne propose pas de liaison internet.”
Du côté de l’imagerie spatiale, Frédéric imagine des fonctionnalités de survol 3D de certaines zones touristiques :
“Imaginez une randonnée dans les Pyrénées, durant laquelle vous pouvez faire un survol 3D de la zone où vous êtes grâce à votre smartphone, sans drone, grâce à de l’imagerie spatiale via le satellite Pléiade !”
De nombreux territoires peuvent ainsi être valorisés, grâce à de l’image ou des données statistiques.
Demain, la donnée spatiale permettra ainsi aux pionniers du secteur d’améliorer l’expérience des touristes, tout en valorisant leur territoire et en développant un avantage concurrentiel économique local. Une richesse qui ne demande qu’à être exploitée !