Créer une dynamique vertueuse en partageant ses données avec Clara Maximovitch (1/2)

On entend beaucoup parler des mérites de l'open data, mais quels en sont les caractéristiques et atouts pour le secteur du tourisme ?

Clara Maximovitch est responsable commerciale du secteur public pour Opendatasoft, une entreprise française qui édite une solution pour simplifier le partage et la valorisation des données. Dans le cadre de son rôle, elle accompagne les acteurs publics, en particulier les collectivités, dans la mise en oeuvre de leur stratégie data.

“Mon job, c’est de comprendre les usages de chaque acteur en termes de volumétrie, d’usages des data, puis de traduire ces besoins en solutions adaptées, délivrées par notre plateforme.”

Les données intelligentes, pour répondre aux enjeux des acteurs publics du tourisme

En ce qui concerne les enjeux des acteurs du secteur, les besoins sont multiples, comme l’explique Clara : “certains acteurs sont portés sur le développement économique, des enjeux d’attractivité du territoire, une valorisation des ressources… Tandis que d’autres se concentrent sur des enjeux de transformation numérique : ils souhaitent avant tout favoriser l’adaptation des agents en interne au digital. Ces dernières années, nous avons aussi  observé une forte demande d’accompagnement sur les sujets d’aménagement urbain, de gestion intelligente de la ville.” 

Une variété de défis, qui peuvent être adressés grâce à l’exploitation intelligente des données ! Mais avant de s’y mettre, il s’agit de comprendre les enjeux liés à cette pratique. Alors qu’il y a quelques années, le concept du big data était sur toutes les lèvres, on parle aujourd’hui bien plus de données intelligentes, avec l’avènement médiatique de l’intelligence artificielle et du machine learning. Pas facile de s’y mettre quand on ne maîtrise pas les termes ! 

“Il y a certes eu un changement de vocabulaire autour du sujet de la data ces dernières années, mais la thématique de fond reste la même”, explique Clara. “Cette thématique, c’est l’exploitation massive des données, pour en faire des usages plus favorables au développement rapide de produits et services. Les noms sont différents, mais l’objectif est le même : agréger des données de qualité en masse, qui soient suffisamment comparables pour qu’une fois agrégées, elles permettent une compréhension profonde des sujets étudiés.”

L’open data au service du tourisme et de la mobilité

Et en ce qui concerne l’exploitation intelligente de la donnée, certains secteurs sont plus avancés que d’autres, et font office de pionniers, défrichant le champ des possibles et créant de nouveaux usages. “Le discours est cependant à relativiser, car si on fait un état des lieux, cette avancée dans la collecte intelligente des données en France dépend beaucoup de l’échelle, de la géographie et des secteurs : tous n’ont pas les mêmes ressources, ni les mêmes problématiques !”, précise Clara. 

Dans le secteur du tourisme par exemple, cet usage est d’autant plus pertinent que le volume et la diversité des données collectées sont d’une valeur inestimable. Et pour démultiplier la richesse de cette donnée, Opendatasoft prône la mise en place de politiques et de pratiques d’open data. 

“L’open data consiste à rendre les données librement et gratuitement accessibles et réutilisables par n'importe quel acteur externe. Cette pratique repose sur quatre enjeux forts : la transparence, la gratuité, l’efficience opérationnelle et économique, ainsi que la création de services innovants.”

Une pratique vertueuse, qui bénéficie à la fois aux entreprises, mais aussi aux consommateurs. “Dans le secteur des transports par exemple, les données ouvertes et partagées par les collectivités sont déjà amplement réutilisées par des services bien connus comme CityMapper, ou Keolis… Ces acteurs ouvrent l’accès à des données en temps réel, afin de créer de la transparence et des nouveaux services pour les citoyens”, s’enthousiasme Clara. 

Du côté du secteur du tourisme cependant, les applications sont plus complexes, “pour des raisons techniques et économiques. Par exemple, il y a une peur générale que l’ouverture et le partage de données profitent soit à la concurrence, soit aux GAFAM, alors qu’à mon avis, ce sont ceux qui ont de facto peu de moyens d'accéder à la données comme les startups, les TPE / PME ou la société civile, qui en bénéficient plus directement.”