Ressentir le sable sous ses doigts ou encore la chaleur des rayons du soleil depuis votre canapé, science fiction ou réalité probable d’un futur proche ? Focus sur de nouvelles médiations en plein boom : les technologies haptiques.
À l'heure de la distanciation sociale et de la contrainte à ne rien toucher, existerait-il un juste milieu qui permette de concilier ces exigences ? Ressentir le sable sous ses doigts ou encore la chaleur des rayons du soleil depuis votre canapé, science fiction ou réalité probable d’un futur proche ? Focus sur de nouvelles médiations en plein boom : les technologies haptiques.
En guise de brève définition, les dispositifs haptiques permettent de créer une communication entre l’humain et une partie de son environnement grâce à un mécanisme répliquant le sens du toucher et/ou la sensation du déplacement.
Le futur de la médiation réside dans la recherche constante de concepts innovants et attractifs. En un rien de temps, les dispositifs haptiques permettent à un visiteur de s’immerger dans une variété d’environnements sensoriels. Et la recherche avance à bon train, en témoigne cette invention prometteuse :
Le studio Ryo Tada au Japon a créé une interface haptique nommé FULU : une sorte de petite capsule à poser sur l’ongle qui permet au porteur de ressentir les subtilités du toucher. “Caressez la fourrure de votre chien, touchez la main d'un être cher, sentez les vagues sur la plage, où que vous soyez dans le monde” :
L’haptique rend ici présent l’absence, elle fait ressentir la réalité corporelle de choses qui ne sont pas là. De nombreuses implications pour le secteur touristique qui laissent songeur. Pourquoi ne pas faire ressentir une destination avant même de s’y rendre ? La sensation du sable dans les mains, le relief d’une œuvre d’art, le toucher d’un drap de lin... Les frontières physiques s’effacent, pour laisser place à une nouvelle forme de médiation et une expérience client plus impactante.
Les technologies haptiques permettent aussi d’ajouter une surcouche de réalité et de créer des sensations proches de la synesthésie pour les utilisateurs. La synesthésie associe simultanément plusieurs sens afin de vivre plus intensément une expérience, et ce surplus de perception est sérieusement exploré par les acteurs du design :
Afin d’ouvrir le monde de la musique à tous les publics et plus particulièrement aux personnes malentendantes, l’entreprise d’Outre-Manche Cutecircuit a créé “Soundshirt” : un vêtement équipé de multiples moteurs haptiques, qui transmettent les vibrations d’un titre musical. Chaque instrument est ressenti à un endroit différent du corps, permettant une traduction précise de la musique, pour apprécier autrement les plus grands chefs d’œuvres.
Ce type de vêtement prometteur a également vocation à se démocratiser au sein des équipements culturels et de loisirs. La sensorialité est indéniablement une composante à prendre en compte dans la conception des produits et services touristiques. Aux professionnels d’imaginer des dispositifs d’immersion qui chamboulent les sens et qui sont au service du confort d’usage.
Le toucher pourrait aussi être d’une grande aide dans une époque bouleversée et bouleversante. Actuellement, on le sait, les consommateurs recherchent du réconfort.
Preuve en est l’émergence d’une véritable soif du contact, “skin hunger” en anglais : la distanciation sociale a refréné pour un temps la promiscuité physique, et elle n’est plus en odeur de sainteté dans les dispositifs de médiation.
Néanmoins, des initiatives s’égrènent pour palier au manque de toucher : des centres de flottaison ont notamment fait leur apparition dans certaines grandes villes de l’Hexagone : le but est d’être plongé dans un état de profonde relaxation ou récupération, mêlé à de la méditation. En créant une harmonie entre le corps et l’esprit, ces nouvelles pratiques sont plébiscitées par les consommateurs. Cette idée pourrait vous inspirer pour concevoir des packages sensoriels.
Même si la technologie haptique est en plein boom, elle reste souvent coûteuse à mettre en place. Cependant, il est possible de profiter de ses bienfaits grâce à des outils dits “low-tech”. Avec des techniques simples, pratiques et économiques, ces dispositifs n’ont rien à envier aux procédés digitaux. C’est par exemple le cas du dernier tapis de yoga intelligent de Lululemon, capable de corriger votre posture, sans coach, grâce à des formes indiquant où positionner ses pieds et ses mains.
Les utilisateurs peuvent se déplacer sur le tapis pendant leur pratique, sans avoir besoin de regarder leurs mains ou même d'ouvrir les yeux. Un exemple à suivre et à transférer, pourquoi pas, à la création de parcours touristiques sensoriels et thématiques, jouant sur le relief et la diversité des matériaux ?
Côté hébergement, une tendance a particulièrement attiré notre attention : les recherches Google sur les couvertures lestées sont en plein boom. Cette forme de linge thérapeutique a pour objectif de faire diminuer l’anxiété des dormeurs et créer une sensation de sécurité grâce à son poids sur le corps. Elle pourrait devenir une option différenciante pour accueillir les visiteurs.
Le retour paradoxal du toucher dans une époque où le contact est prohibé est révélateur des aspirations du client :
- se soigner par le corps
- palier à la solitude
- sentir son corps vivant et être présent au monde
- se relaxer par le contact
- rendre présent l'absent en ressentant la sensation du toucher de quelque chose qui n'est pas là.
Comment notre secteur peut créer un environnement confortable sensoriellement au travers de ses produits et ses services ?