Nous poursuivons notre entretien nocturne en compagnie de Laurent Queige, directeur du pôle Divertissement / Welcome City Lab chez Paris&Co, avec des conseils pratiques pour investir ce temps bien particulier qu’est la nuit !
Nous poursuivons notre entretien nocturne en compagnie de Laurent Queige, directeur du pôle Divertissement / Welcome City Lab chez Paris&Co, avec des conseils pratiques pour investir ce temps bien particulier qu’est la nuit !
Laurent Queige : Nous sommes en pleine période de retour à la nature, et je suis étonné de voir la pauvreté de l’offre de contact avec la nature la nuit. La nuit est un formidable moment pour reprendre contact avec la nature. On a de temps en temps les nuits étoilées ou quelques contes, mais globalement je trouve qu’il y a toute une offre dédiée à imaginer. Notre société est également bombardée en permanence d’images, et on ne fait que stimuler la vue sur nos cinq sens. Nous sommes dans une société de l’image, mais l’image caricature beaucoup de choses. On devrait également travailler les quatre autres sens dans un contexte nocturne : l’ouïe, le toucher, l’odorat, le goût. Ils apportent plus de finesse et de richesse que ce qu’apportent de belles images.
Il y a une dimension d’introspection très forte que la nuit permet. Elle a un effet loupe : la dimension superficielle l’est encore plus la nuit. Mais en même temps les découvertes et surprises qui nous renvoient à nous-mêmes et qui nous parlent de façon profonde et en tant qu’individu, sont vécues de façon plus intense la nuit que le jour. Il y a moins de banalité dans la nuit, on est moins dans les convenances sociales, on est à la fois dans le paraître mais aussi dans la recherche d’une vérité, de ce qu’il y a derrière une image.
D’abord il y a un premier recensement à faire sur un territoire, sur tout ce qu’on peut faire après 19h, une fois que les institutions culturelles sont fermées. Que peut-on faire dans cette première dimension de la soirée. Il faudra partir des différents personas et typologies de visiteurs que l’on veut cibler, pour proposer des moments et expériences en fonction des profils des visiteurs. Dans un deuxième temps ou concomitamment, il faudra avoir une démarche plus proactive qui consiste à créer de nouvelles activités, en essayant de mettre en place des expérimentations sur des territoires tests : expérimentation de produits, de rencontres, de balades... Toutes les dimensions d’un projet de nuit demandent des compétences généralistes : mobilité, logistique, sociale, économique... Le modèle économique est forcément plus difficile qu’un modèle de jour, avec des coûts horaires plus élevés et des normes plus drastiques à intégrer.
La nuit, c’est aussi beaucoup de contraintes logistiques. Par exemple, la question des toilettes est un vrai sujet majeur depuis toujours : quelles sont les toilettes accessibles la nuit sur un territoire ? La nuit nécessite une attention particulièrement importante au confort de visite, et donc à la logistique. La nuit, on a souvent froid, on se sent aussi moins en sécurité... nous sommes ramenés, en tant qu’êtres vivants, à nos besoins physiologiques. Par conséquent il faut une bienveillance supplémentaire.
La nuit nécessite une attention particulièrement importante au confort de visite, il faut une bienveillance supplémentaire.
Indéniablement ! On est aujourd’hui dans la société de la bienveillance et du prendre soin. Donc investir la nuit, c’est en cohérence avec l’évolution de notre société. De réelles opportunités existent pour des territoires et des destinations françaises qui voudraient en faire un angle majeur de différenciation !